Je peins en extérieur, en tête à tête avec le paysage, afin de capter l’ essentielle de cette rencontre.
Après 25 ans d’abstraction, j’ai ressenti le besoin vital de sortir de mon atelier. Le huis clos de la toile blanche ne me satisfaisait plus. Il me manquait quelque chose, au-delà de moi-même, quelque chose à même de me renouveler, me dépasser. C’est par cette démarche que s’est rapidement opérée une inversion totale de ma pratique picturale, car ce face à face avec la lumière contient une brutale évidence.
Je ne maîtrise rien.
Hors de l’atelier, ni la lumière ni la météo ne se domestiquent. Cependant, c’est en étant au centre du vivant, de la vibration même, origine de la couleur, que se résout le paradoxe d’une peinture intensément préméditée et cependant reliée à la spontanéité et l’instant.
Face au monde qui se dématérialise à la gloire du numérique et de l’hyperconnection, entraînant dans sa fonte les lucioles et les ours blancs, je m’accroche à mon pinceau comme à la rame de mon radeau.